Une Ombre qui caresse la ville. 7


(English version at the bottom of the page)

J’ai rencontré Tristan Cocrelle il y a de ça 6 mois. J’avais à l’époque tout de suite été séduit par son style. C’est assez difficile à expliquer mais je vais utiliser une célèbre citation de Bruce Gilden pour résumer  : “If you can smell the street by looking at the photo, it’s a street photograph”.  Je le remercie d’avance d’avoir bien voulu répondre  à ces quelques questions.

Hello Tristan, merci d’avoir répondu favorablement à cette petite interview. Peux tu nous en dire un peu plus sur toi?

Merci Jeff d’avoir pensé à moi. Je suis ravi de pouvoir m’exprimer sur ton blog. Je suis officier de marine. Je vis à Brest depuis peu. Mon métier m’a permis de voyager dans le monde entier et de visiter de nombreuses villes. Ma pratique de la photo a d’abord pris la forme d’un carnet de voyage, avant de devenir un mode d’expression artistique à part entière.

Tristan Cocrelle ©

Pourquoi la photographie et plus spécifiquement la Street Photo ?

Pour moi, la photo est avant tout un regard posé sur le monde et sur l’autre. Elle naît de la curiosité et de la surprise. La ville reste pour moi une source d’inspiration infinie. Il y a toujours quelque chose de nouveau à voir, à découvrir. La Street Photo comme moyen de découvrir un lieu, voilà le programme.

Tristan Cocrelle ©

Te rappelles tu de tes premiers souvenirs avec un appareil photo ?

J’ai acheté mon premier appareil pour ma première longue mission, à bord de la Jeanne d’Arc, lorsque j’étais élève officier. Le déploiement m’a conduit en méditerranée et en océan indien. Une révélation. Depuis je n’ai jamais arrêté de photographier.

Tristan Cocrelle ©

Peux tu dire que la photographie est quelque chose d’important dans ta vie ?

Je ne peux pas m’en passer. Comme tout artiste, il l y a un impératif à créer. Lorsque j’arpente les rues avec mon appareil, je perds progressivement conscience de moi pour être tout entier tourné vers le monde extérieur, sa beauté, son esthétisme, son incongruité aussi. C’est à la fois palpitant et apaisant. Mais le paradoxe, c’est qu’en réalité, j’explore ma propre sensibilité. Peu importe le sujet finalement, ce qui compte c’est la façon dont il est traité, l’originalité du regard. Malgré la grande diversité des lieux que j’ai photographié, il se dégage de mon travail une unité, une cohérence. Sans doute ce qu’on peut appeler un style.

Tristan Cocrelle ©

On a tendance à dire qu’en Street Photography, on ne photographie pas de manière objective, on montre sa réalité des choses. On ne fait pas de photojournalisme. Es tu d’accord avec çà ?

La photographie n’est jamais objective. Elle exclut toute la réalité qui ne rentre pas dans le cadre. La photo de rue, pas plus que le photojournalisme d’ailleurs, n’échappe pas à la règle. Le choix d’un sujet, d’un cadrage, d’un traitement est une démarche créative éminemment subjective. Mes photos sont volontairement très graphiques, granuleuses, parfois proches de la peinture ou du dessin. Elles ont une intention et une intensité picturales. Mais c’est ce qui leur donne vie, ce qui finalement me permet d’approcher et de rendre compte d’une certaine objectivité.

Tristan Cocrelle ©

Quelle est ta définition de la Street Photography ?

La Street Photo, c’est comme le nom l’indique, une photo prise dans la rue. Un paysage urbain relève aussi de la photo de rue. Posée ou sur le vif, peu importe. Tout dépend de ce qu’on veut exprimer. Pour rendre compte du mouvement et de la vie de la rue, je préfère évidemment travailler sur le vif. Donner vie à une image fixe, c’est là tout l’enjeu de la photo, non ?

Tristan Cocrelle ©

Depuis quelques temps déjà tu utilises un Fuji X100T. Peux tu nous dire ce qui te plaît dans cet appareil ?

J’ai longtemps photographié avec un reflex CANON, argentique puis numérique. Comme tout novice, j’ai rapidement été atteint du G.A.S, le syndrome d’acquisition de matériel, et multiplié les objectifs. A chaque sortie, je trimbalais un sac rempli de matériel pour répondre à chaque situation. J’ai progressivement simplifié ma pratique et suivi les conseils de Capa. Revenir aux fondamentaux et photographier avec ses pieds. Le fuji X100T est parfaitement adapté à la photo de rue. Il est compact, un autofocus rapide, des réglages directement accessibles et une très bonne résolution. L’arme fatale. Pour les paysages, naturels ou urbains, j’utilise le Sigma DP2. Il ne ressemble à rien, il n’est pas pratique à utiliser, il est extrêmement lent, mais domestiqué, la qualité est époustouflante, comparable un moyen format.

Tristan Cocrelle ©

Fuji est un acteur majeur des appareils hybrides. On a beaucoup parlé du look rétro des appareils qui plaît beaucoup, mais ce qui fait surtout sa force, c’est l’incroyable qualité des Jpegs. Alors pour toi Jpeg ou Raw?

Raw définitivement. Mais son look rétro intrigue les gens et, me semble-t-il, les rend plus conciliants.

Tristan Cocrelle ©

Quel est ton workflow ? tu y passes du temps ou tu le simplifies au max ?

Le post traitement fait partie intégrante de ma démarche pour que mes photos soient graphiques et puissantes. Pour chaque série, je passe un certain temps à choisir le rendu de mes photos, quel traitement je vais appliquer : noir et blanc, type de film, filtres, grain, etc. Une fois que je suis satisfait, j’applique les réglages à l’ensemble de la série.

Tristan Cocrelle ©

Quels sont tes réglages quand tu pars avec ton appareil ?

En photo de rue, j’ai besoin d’être très réactif et de ne pas passer mon temps à jouer avec mon appareil. Mes réglages sont très simples. Je travaille toujours en grande ouverture pour réduire au maximum la profondeur de champ. Dans ces conditions, le zone focusing est délicat. Je pars donc en AF et détection de visage. Je passe ponctuellement en macro lorsque je shoote à bout portant, dans le métro par exemple. Pour plus de discrétion, je désactive l’écran et le son. Si j’ai besoin de viser, je privilégie l’EVF qui permet de visualiser le noir et blanc.

Tristan Cocrelle ©

Une majeure partie de ton travail est en N&B. Qu’est ce qui te plaît dans le monochrome ?

J’aime la force, la dureté, la masculinité du noir et blanc. Les images sont plus brutes, plus instinctives, plus sales. Lorsqu’il est question de mouvement, d’intimité ou d’émotion, c’est ce que je privilégie.

Tristan Cocrelle ©

Quand est il de la couleur ? Trouves tu plus compliqué de shooter en couleur ?

Ce n’est pas plus compliqué. J’emploie la couleur lorsque l’aspect graphique prime, lorsque c’est la couleur elle-même qui est le sujet. J’ai fait plusieurs séries en couleur. Tu peux en voir sur mon site (Underground, Paname ou Planète Mars par exemple). Mais je dois reconnaître que j’ai un faible pour le noir et blanc.

Tristan Cocrelle ©

Ce qui m’a tout de suite plu chez toi c’est ce côté instinctif qui ressort de tes photos. C’est ta façon de fonctionner quand t’es dans la rue ?

Je suis véritablement aux aguets, très attentif à ce qui m’entoure. Et je n’hésite jamais à photographier ce qui m’interpelle. Je shoote de manière très instinctive, en mouvement, parfois même sans viser. Le cadrage n’est pas important, seul le mouvement compte. 

Tristan Cocrelle ©

A quelle distance te sens tu le plus à l’aise pour prendre des photos ?

Avec une focale fixe, on n’a pas le choix de la distance. C’est l’enseignement de Robert Capa : « si la photo n’est pas bonne, c’est que tu n’est pas assez près ». Il faut sortir de sa zone de confort. Dans la rue ou dans le métro, j’ai shooté à moins d’un mètre. C’est toujours intimidant, parfois risqué mais c’est ce qui permet d’avoir une expérience plus immersive de la rue.

Tristan Cocrelle ©

Quel est ton rapport aux gens que tu photographies ? Certaines de tes photos sont réalisées très près des sujets. Engages tu la conversation par la suite ?

Quand je photographie, je reste très furtif. Je shoote très vite, parfois sans viser ni même m’arrêter. Je ne veux pas que ma présence interfère. J’ai assez peu de contact avec les gens que je photographie. Parfois un clin d’oeil ou un sourire de remerciement. Rarement plus.

Je suis une ombre qui caresse la ville.

Tristan Cocrelle ©

As tu déjà eu des mésaventures avec des gens qui ne voulaient pas être pris en photo ?

Oui, sans avoir une pratique aussi agressive que Bruce Gilden qui photographie les gens à bout portant et au flash, ça m’est arrivé. On m’a insulté, on m’a jeté des pierres, j’ai même reçu un coup de couteau dans la main. Pourtant rien ne m’arrête. Mais ça reste très marginal, la plupart du temps, les gens sont bienveillants ou, au moins indifférents.

Tristan Cocrelle ©

En ce moment en Street Photography, on voit clairement une tendance faite de “layers”, forts contrastes, juxtapositions, superpositions. Bref des photos de plus en plus complexes. On en oublierait presque l’émotion. Quel est ton avis sur la tendance actuelle ? 

Ces images sont très intéressantes et produisent de beaux résultats mais elles ne correspondent pas nécessairement à ce que je recherche. Elles manquent de vie et de mouvement.

Tristan Cocrelle ©

Y a t’il des photographes ou autres artistes qui t’ont inspiré en tant que photographe ? 

J’aime tout particulièrement la tradition japonaise de la photo de rue, les images brutes, mal cadrées, graphiques,contrastées, granuleuses. Daido Moriyama, Nobuyoshi Araki, Eikō Hosoe. J’apprécie également les propositions nordiques de la photo de rue, celles d’Anders Petersen et de Jacob Aue Sobol. Du côté américain, j’aime les photos très immersives et crues des photographes d’Hamburger Eyes.

En couleur, le roi reste pour moi Saul Leiter.

Tristan Cocrelle ©

Comment détermines tu qu’une photo que tu as prise est réussie ou pas ? 

Il n’y a aucune règle. Une photo est réussie si elle suscite une émotion et si son attrait résiste au temps. C’est une appréciation très personnelle et les photos que je trouve les plus réussies ne sont pas nécessairement celles qui sont le plus appréciées.

Tristan Cocrelle ©

Tu n’es pas très présent sur les réseaux sociaux. Ton travail reste assez confidentiel. Quel est ton rapport à ce type de média ?

Je suis assez partagé sur la question. Il me semble que la pratique d’un art reste plus importante que la recherche de la reconnaissance.

Les réseaux sociaux offrent une grande visibilité mais sont soumis au règne de l’immédiateté et de la superficialité. Pour être visible, il faut produire en continu. Ils permettent pourtant de faire de belles rencontres.

Tristan Cocrelle ©

Je crois que tu as publié certaines de tes séries photographiques sur Blurb. Peux tu nous en dire plus ?

J’aime travailler par série. C’est une approche impressionniste finalement. On approche du sujet par une multiplication de touches qui convergent.

Comme une photo n’existe que quand elle est imprimée, j’ai édité ces séries au format magazine sur Blurb. Le résultat est vraiment très sympa, plus facile à consulter qu’une boite de tirages photos et peu onéreux. Le magazine s’appelle Kairos (l’instant décisif en grec). Chaque numéro correspond à une série. Il y en a déjà 15. Tous disponibles à l’achat sur Blurb.

Tristan Cocrelle ©

As tu des projets en cours ?

Ma prochaine mission au printemps m’amènera en Océan Indien avec de nouvelles séries en perspective sous une lumière plus crue que ce qu’on connait ici en Bretagne.

J’ai aussi le projet d’explorer Brest et ses habitants. Reconstruite rapidement après guerre, elle n’a apparemment aucun charme. Pourtant je la trouve très photogénique, très urbaine. Un vrai terrain de jeu.

Et puis peut-être d’autres travaux plus posés, des projets collectifs. Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent.

Tristan Cocrelle ©

Un petit mot pour conclure cette interview et nous dire aussi où on peut trouver ton travail.

Merci pour tes questions Jeff. On peut trouver mon travail sur mon site : www.tristancocrelle.com, sur 500px quand j’ai le temps d’y déposer des photos et, au format papier, sur Blurb.

Le mot de la fin ? Toujours plus près.

Tristan Cocrelle ©

Cliquez ici pour la Galerie de Tristan Cocrelle

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A Shadow in the city.

 

Tristan Cocrelle ©

I met Tristan Cocrelle 6 months ago. I was immediately seduced by his style. It’s pretty hard to explain but I’ll use a famous quote from Bruce Gilden to sum up: “If you can smell the street by looking at the photo, it’s a street photograph.” I thank him in advance for having kindly answered these few questions.

Hello Tristan, thank you for responding favorably to this little interview.Can you tell us a little more about you ?

Thank you Jeff. I am delighted to be able to express myself on your blog. I’m a naval officer. I just moved in Brest. My job allowed me to travel around the world and visit many cities. My practice of photography first took the form of a travel diary, before becoming a mode of artistic expression in its own right.

Tristan Cocrelle ©

Why photography and more specifically Street Photography ?

For me, photography is above all a look at the world and the other. It arises from curiosity and surprise. The city remains for me an infinite source of inspiration. There is always something new to see, to discover. That’s it ! Street Photography as a way to discover a place.

Tristan Cocrelle ©

Do you remember your first memories with a camera?

I bought my first camera for my first long mission, aboard the frigate Le Jeanne D’arc, when I was a student officer. The deployment led me to the Mediterranean and Indian Ocean. A revelation. Since then I have never stopped photographing.

Tristan Cocrelle ©

Can you say that photography is something important in your life?

I cannot live without it. Like any artist, there is an imperative to create. When I walk the streets with my camera, I gradually loose conscious of myself to be entirely turned towards the outside world, its beauty, its aestheticism, its incongruity as well. It’s both thrilling and soothing. But the paradox is that in reality, I explore my own sensitivity. No matter what the subject is, what counts is the way it is treated, the originality of the look. Despite the great diversity of places I have photographed, there is a unity and coherence in my work. No doubt what can be called style.

Tristan Cocrelle ©

We tend to say that in Street Photography, we don’t photograph in an objective way, we show our reality of things. We don’t do photojournalism. Do you agree with that?

Photography is never objective. It excludes all reality that does not fit within the frame. Street Photography, as well as Photojournalism, does not escape the rule. The choice of a subject, a framing, a treatment is an eminently subjective creative process. My pictures are voluntarily very graphic, gritty, sometimes close to painting or drawing. They have a pictorial intention and intensity. But that is what gives them life, which ultimately allows me to approach and account for a certain objectivity.

Tristan Cocrelle ©

What is your definition of Street Photography ?

The Street Photography is, as the name suggests, a photo taken on the street. An urban landscape is also part of the street picture. Posed or candid, it does not matter. It all depends on what you want to express. In order to account for the movement and the life of the street, I prefer to work on the spot. To give life to a still images, this is all the stake of the photo, right ?

Tristan Cocrelle ©

For some time already you use a Fuji X100T. Can you tell us what you like about this device ?

I have long photographed with a CANON DSLR, then digital. Like any novice, I was quickly reached by the GAS, Gear Acquisition Syndrome, and bought tons of lenses. Every time I went out, I packed a bag full of gears that fit every situation. I gradually simplified my practice and followed Capa‘s advice. Return to the fundamentals and photograph with your feet (Foot Zoom). The fuji X100T is perfectly suited for Street Photography. It is compact, fast autofocus, settings directly accessible and a very good resolution. The fatal weapon. For landscapes, natural or urban, I use the Sigma DP2. It does not look like anything, it is not practical to use, it is extremely slow, but domesticated, the quality is breathtaking, comparable to a medium format.

Tristan Cocrelle ©

Fuji is a major player in hybrid devices. There has been much talk about the retro look of the devices that pleases a lot, but Fuji’s strength is the incredible quality of the Jpegs. So for you Jpeg or Raw?

Raw definitely. His retro look intrigues people and, it seems to me, makes them more conciliatory.

Tristan Cocrelle ©

What is your workflow ? You spend time or you simplify it to the maximum ?

Post-processing is an integral part of my approach to making my pictures graphic and powerful. For each series, I spend some time choosing the rendering of my photos, what treatment I will apply : black and white, type of film, filters, grain, etc. Once I am satisfied, I apply the settings to the whole series.

Tristan Cocrelle ©

What are your settings when you’re out shooting ?

In Street Photography, I need to be very responsive and not spend my time playing with my camera. My settings are very simple. I always work at large aperture to minimize the depth of field. Under these conditions, Zone Focusing is tricky. So I leave in AF and face detection. I pass punctually in macro when I shoot at point blank range, in the subway for example. For more discretion, I disable the screen and sound. If I need to aim, I prefer the EVF which allows to visualize the black and white.

Tristan Cocrelle ©

Most of your work is in B & W. What do you like about monochrome ?

I like the strength, the hardness, the masculinity of Black and White. The images are raw, more instinctive, more dirty. When it comes to movement, intimacy or emotion, that’s what I prefer.

Tristan Cocrelle ©

What about color ? Do you find it more complicated to shoot in color ?

It’s not more complicated. I use color when the graphic aspect prevails, when it is the color itself that is the subject. I made several series in color. You can see on my site (Underground, Paname or Planète Mars for example). But I must admit that I have preference for Black and White.

Tristan Cocrelle ©

What immediately striked me is the instinctive side that emerges from your pictures. Is that how you work when you’re out shooting ?

I am really on the lookout, very attentive to what surrounds me. And I never hesitate to photograph what is interesting to me. I shoot instinctively, in movement, sometimes even without aiming. Framing is not important, only the movement counts.

Tristan Cocrelle ©

How far do you feel most comfortable to shoot ?

With a fixed focal length, we don’t have the choice of the distance. It is the teaching of Robert Capa: ” if the picture is not good, it is because you are not close enough “. You have to get out of your comfort zone. In the street or in the subway, I shot at less than a meter. It is always intimidating, sometimes risky but it is what allows to have a more immersive experience of the street.

Tristan Cocrelle ©

What is your relationship to people you photograph ? Some of your photos are made very close to the subjects. Do you engage in conversation afterwards ?

When I photograph, I remain very stealthy. I shoot very quickly, sometimes without aiming or even stopping. I do not want my presence to interfere. I have quite little contact with the people I photograph. Sometimes a wink or a thank-you smile. Rarely more.

I am a Shadow caressing the city.

Tristan Cocrelle ©

Have you ever had misadventures with people who did not want to be photographed ?

Yes, without having a practice as aggressive as Bruce Gilden who shoots people at close range and flash, it happened to me. They insulted me, threw stones at me, I even got a knife in my hand. Yet nothing stops me. But it remains very marginal, most of the time, people are benevolent or at least indifferent.

Tristan Cocrelle ©

Right now in Street Photography, we clearly see a trend made of “layers”, strong contrasts, juxtapositions, superpositions. More and more complex photos. One would almost forget the Soul. What is your opinion on the current trend ?

These images are very interesting and produce nice results but they do not necessarily correspond to what I’m looking for. They lack life and movement.

Tristan Cocrelle ©

Are there photographers or other artists who inspired you as a photographer ?

I particularly like the Japanese tradition of Street Photography, the raw images, badly framed, graphics, contrasting, grainy. Daido Moriyama, Nobuyoshi Araki, Eikō Hosoe. I also appreciate the northern proposals of Street Photography, those of Anders Petersen and Jacob Aue Sobol. On the American side, I like the very immersive and raw photos of the photographers of Hamburger Eyes.

In color, the king remains for me Saul Leiter.

Tristan Cocrelle ©

How do you determine that a photo you took is successful or not ?

There is no rule. A photo is successful if it provokes an emotion and if its attraction resists to time. This is a very personal appreciation and the pictures I find most successful are not necessarily the ones that are most appreciated.

Tristan Cocrelle ©

You are not very present on Social Media. Your work remains quite confidential. What is your relationship to this type of media ?

I am quite divided on the question. It seems to me that the practice of an art is more important than the search for recognition.

Social Media offer great visibility but are subject to the rule of immediacy and superficiality. To be visible, it is necessary to produce continuously. They nevertheless allow to make nice encounters.

Tristan Cocrelle ©

I think you’ve published some of your photographic series on Blurb. Can you tell us more ?

I like to work by series. It is an impressionist approach finally. We approach the subject by multiplying keys that converge.

As a photo only exists when it is printed, I edited these series in magazine format on Blurb. The result is really very nice, easier to consult than a box of photographic prints and inexpensive. The magazine is called Kairos (the decisive moment in Greek). Each number corresponds to a series. There are already 15. All available for purchase on Blurb.

Tristan Cocrelle ©

Do you have projects in progress?

My next mission in the spring will bring me to the Indian Ocean with new series in perspective under a more crude light than what we know here in Brittany.

I also plan to explore Brest and its inhabitants. Rebuilt quickly after the war, it apparently has no charm. Yet I find it very photogenic, very urban. A real playground.

And then perhaps other work more posed, collective projects. In short, ideas are not lacking.

Tristan Cocrelle ©

A short note to conclude this interview and also tell us where we can find your work.

Thanks for your Jeff questions. You can find my work on my site: www.tristancocrelle.com, on 500px when I have time to post pictures and, in paper format, on Blurb.

The final word ? Always closer !

Tristan Cocrelle ©

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