Contact sheet #5 : To be still. 5


 

(English version at the bottom of the page)

Alors que je passais en revue mes photos de 2017, pour essayer de dégager mes meilleures photos de l’année écoulée (Mon dernier Blog de 2017…), je suis tombé sur une photo que j’avais édité en couleur. Je me suis dit que finalement, le N&B lui irait mieux. Je suis reparti sous Lightroom pour retrouver le RAW et le passer en monochrome.

 

 

J’ai regardé l’ensemble des photos prises ce jour là. En un clin d’œil, je me suis rappelé de cette journée. C’était un samedi d’été et je terminais de travailler à 15h30 et j’avais appelé ma femme pour lui dire que j’allais traîner un peu dans Aix-en-Provence quelques heures pour faire des photos. Je me rappelle très bien de certaines des photos réalisées ce jour là. Par contre je suis tombé sur une série de photos qui n’avaient pas été retouchées. Pourquoi ? Est ce le manque de temps ? 

 

 

Une partie de la réponse, réside dans le fait que je suis très prolifique quand je suis dans la rue. Attention, je parle parle pas de qualité ! Je suis un serial-clicker. Certains comptent le nombre de fois où ils appuient sur le déclencheur. Moi je shoote, je réfléchis plus tard quand je fais l’édition. Le problème d’éditer tout de suite ses photos c’est qu’on a déjà en tête quelles sont les photos qu’on considère réussies. J’avais en tête ces fameux “keepers” et je me suis empressé d’aller valider ce que j’avais imaginé en les éditant. Inconsciemment, j’ai fait du tuneling au moment de l’édition et j’ai été aveuglé par ces photos. Au final je n’ai pas ou peu regardé les autres. Je n’ai pas eu d’objectivité sur mon travail…

 

The “keepers” I had in mind…

 

J’ai trouvé ça néanmoins étrange. C’est nouveau pour moi d’aller revoir mes vieilles photos pour essayer de les regarder un d’œil différent. A l’ère du numérique, on fait tout trop vite. On “like” trop vite, on édite trop vite… Un gars comme Garry Winogrand attendait un an avant de développer ses pellicules. Tout ça pour éditer son travail de manière plus objective. Pour être détaché du moment où la photo a été prise. Je préfère être franc avec vous. J’en suis incapable… Je ne pourrais pas faire comme lui. Mais il y a une chose que je fais systématiquement. Je ne partage jamais (ou presque…) une photo tout de suite. J’attends toujours pour savoir si je ne me suis pas trompé sur la photo. J’attends pour savoir si je l’aime toujours au bout de quelques semaines. Si c’est le cas, c’est que mon jugement aura été bon. 

 

 

Je vous rassure tout de suite, je n’ai pas trouvé dans cette petite série réalisée, un “Glory Shot” ! Non cette série je la trouve intéressante, car elle a été réalisée à un endroit que j’aime bien et qui ce jour là était très fréquenté. Je suis resté un bon moment posté au même endroit à observer les gens passer autour de moi. J’aime quand il y a beaucoup d’agitation. Dans ces moments, la rue est un vrai bordel et j’aime essayer de réordonner un peu tout ça dans mon cadre. C’était une fin d’après-midi d’été et la lumière chaude venait caresser les peaux cuivrées des passants. J’aime l’été pour ça aussi. Ce n’est pas le côté voyeur de voir des personnes avec les jambes ou épaules dénudées, mais c’est la texture de la peau cuivrée. Je la trouve très photogénique.

 

 

Quand je repense à ces moments, j’ai envie que l’été revienne rapidement. Mes dernières sorties dans Aix, j’ai shooté différemment. Il y a vachement moins de monde dans les rues. Les touristes ont disparu et les rues sont moins fréquentées. Et surtout, il fait plus froid ! Ne me méprenez pas, je prends aussi du plaisir durant cette saison, mais l’été a quand même ma préférence. C’est aussi le plaisir des saisons, le changement.

 

 

Avec ces photos, vous pouvez voir un peu ma façon de faire des photos. Des close up, des tentatives de capturer des gestuelles, des tentatives plus ou moins loupées de faire des plans différents (Layers). Mais le plus important est de faire ce que les Anglo-saxons appellent : Work the scene ! Quand vous avez trouvé un endroit et que vous savez qu’il y a du potentiel, restez y un bon moment. Vous finirez peut être avec rien, mais vous pouvez arriver à capturer un moment intéressant. Je travaille souvent dans la rue de cette façon. Ça demande de la patience, c’est un process qui est très lent, mais j’aime procéder comme ça au lieu de courir frénétiquement dans Aix. J’avais déjà écrit un Blog là dessus : “Laisser les photos vous trouver“. 

 

 

Ces derniers temps, j’avais un peu oublié ces fondamentaux. J’étais constamment en mouvement. J’avalais des kms, mais au final pour peu de résultats. J’ai lu un jour qu’une bonne session se mesure au nombre de kms parcourus. Autant vous dire que je ne suis absolument pas de cet avis. C’est comme si on me disait que pour faire de belles photos de rue, il faut voyager. Je m’égare là… Je développerai ce sujet dans un futur Blog. En tout cas, ça m’a donné envie de me replonger dans mes vieilles photos pour regarder d’un œil nouveau celles que j’avais écartées lorsque je les ai éditées. Je ne m’attends pas à trouver des pépites cachées, mais juste pour les analyser d’une manière détachée. Mon œil s’est aussi aiguisé entre temps et mes critères de sélection aussi. Ça va demander du temps tout ça…Je vous laisse avec la chanson qui m’a inspiré le titre de ce Blog. 

 

Vous pouvez voir l’intégralité des photos ci dessous.

 

 

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Contact sheet #5 : To be still.

 

 

 

While I was reviewing my photos of 2017, to try to choose my best ones of the past year (My last Blog of 2017 …), I came across a picture that I had edited in color. I thought that finally, the B&W would suit better. I went back in Lightroom to find the RAW file and transform it in monochrome.

 

 

I looked at all the pictures taken that day. In the blink of an eye, I remembered everything. It was a summer Saturday and I finished working at 3:30 pm and I called my wife to tell her that I was going to roam in Aix-en-Provence a few hours to take pictures. I remember very well some of the pictures taken that day. However, I came across a series of photos that had not been post-processed. Why ? Is it lack of time?

 

 

Part of the answer lies in the fact that I am very prolific when I’m on the street. Attention, I’m not talking about quality ! I am a serial-clicker. Some count the number of times they press the shutter. I shoot a lot. I use my brain later when I do the editing. The problem of processing his photos right now is that we already have in mind what are the photos that we consider successful. I had in mind these famous “keepers” and I hastened to validate what I had imagined by editing them. Unconsciously, I was too focus on them and here comes the “tunnel vision syndrom”. At the time of the post-process, I was blinded by these photos. In the end I have not looked at others. I did not have objectivity on my work …

 

These so called “keepers” I had in mind.

 

I found it nonetheless strange. It’s new for me to go see my old photos again to try to look at them differently. In the digital age, everything is done too fast. We like too fast, we publish too fast … A guy like Garry Winogrand waited a year before developing his rolls of films. All this to edit his work in a more objective way. To be detached from the moment the photo was taken. I prefer to be honest with you. I can not … I could not do like him. But there is one thing I do systematically. I never share (or almost …) a photo right away. I’m still waiting to know if I’m wrong on the picture. I’m waiting to see if I still love it after a few weeks. If that’s the case, it’s a good one.

 

 

I reassure you right away, I did not find in this small series, a “Glory Shot” ! No, I find this series interesting because it was made in a place I like and that day was very crowdy. I stayed still for a while in the same place watching people pass around me. I like when there is a lot of people around me. In these moments, the street is a real mess and I like to try to reorder a little all that in the frame. It was a late summer afternoon and the warm light came to caress the coppery skin of passersby. I like summer for that too. It’s not the voyeuristic side of seeing people with bare legs or shoulders, but it’s the texture of the coppery skin. I find it very photogenic.

 

 

When I look back to those moments, I want summer to come back quickly. My last sessions in Aix, I shot differently. There are really fewer people in the streets. The tourists are gone and the streets are less crowded. And above all, it’s damn freezing ! Do not misunderstand me, I also have fun during this season, but the summer still has my preference. But it’s also the pleasure of the seasons, the change.

 

 

With these photos, you can see my way to take pictures. Close up, attempts to capture gestures, more or less failed attempts to build Layers. But the most important thing is to do what the Anglo-Saxons call : Work the scene ! When you have found a place and you know there is potential, stay there for a while. You may end up with nothing, but you can manage to capture an interesting moment. I often work on the street that way. It requires patience, it is a process that is very slow, but I like to proceed like that instead of running frantically in Aix. I had already written a blog on it: “Let the photographs come to you“.

 

 

In recent times, I had forgotten these fundamentals. I was constantly moving. I walked kms, but in the end for little results. I read one day that a good session is measured by the number of kms you have walked. As much to say to you that I am absolutely not of this opinion. It’s like being told that to make beautiful street photos, you have to travel. I go astray there … I will develop this subject in a future Blog. In any case, it made me want to plunge into my old photos to look at them with a fresh mind and to have a look at those I had discarded when I edited them. I do not expect to find hidden gems, but just to analyze them in a detached way. My eye have also sharpened in the meantime and my selection criteria too. It’s going to take a long time … I leave you with the song that inspired me the title of this Blog.

 

 

You can see all the photos below.

 

 

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5 thoughts on “Contact sheet #5 : To be still.

  • John Harper

    Not many people know how to be still nowadays. Everything is a rush, people sit fiddling with their smartphones constantly unable to sit still for a second. Nothing seems to last more than a second, especially photographs posted online. It’s an interesting exercise to stay in just one place and observe. I understand your modus operandi, mine is the anthesis of it though; I take fewer clicks because I’m very lazy with sifting through, grading and processing photographs. I have a nagging feeling that I may miss quite a lot with my method though. Yes, you are prolific, but everything I see is top class photography. I know you’ll take some crappy shots, but your keepers sincerely are worth keeping. Looking back at ones previous work is a good discipline to learn, we see are mistakes but also what we got absolutely correct – simultaneously cringe making and very rewarding time spent.

    As always, terrific images and your words on photography I feel will resonate with many people.

    • Jeff Chane-Mouye Post author

      In praise of stillness could have been a good title as well, but I didn’t have a song for that ;). I used to associate stillness with sharp, neat compositions. But now, I see it as a way of melting myself in the scenery. Just to become an element of the street. It’s funny to act like this especially in crowdy streets. It’s less obvious to act like that in winter because with less people, you’re more noticeable and people pay attentionto you. I totally agree when you say that everything goes way too fast. We live in a world of constant consumerism. I said to someone that I was amazed to see how much people can share on Social Media. One have to feed the Beast…