Comme tous les ans, je voulais vous infliger des photos faites pendant les vacances avec les enfants. Histoire de meubler un peu mon manque d’inspiration à écrire. Mais j’ai lu un blog très intéressant d’Alex Coghe dans lequel il réagissait à un article écrit par Michael Ernest Sweet qui faisait un état des lieux de la « scène » Street Photography en affirmant que la hype était retombée et qu’il y avait de moins en moins de Blogs ou sites consacrés à la Street Photography . Cet article a été écrit en 2020 … Oh merde ! J’ai pourtant passé les 4 dernières années à continuer à faire ce que je fais de mieux, à savoir arpenter les rues et capturer des moments de vie. C’est rigolo ça semble coïncider avec mon départ d’Aix-en-Provence. Je ne pensais pas que mon départ causerait un tel cataclysme !

Bon trêve de plaisanteries. Alex s’offusque de l’article écrit par M.E Sweet qui le compare à un certain Eric Kim en lui reprochant de vendre du vent aux débutants en Street Photography. Pour lui, la « bulle » Street Photography a éclaté et plus personne ou presque n’en parle.  Je ne suis pas du tout d’accord avec ce que Michael. Je crois que je ne connais pas un autre Blog qui parle autant de Street Photography de manière aussi authentique que celui d’Alex Coghe. Alex est très prolifique et est pour moi l’exemple du gars qui vit et respire Street Photography. Pour le reste l’article de M.E Sweet ne se trompe pas en déclarant que la Street Photography est devenue un passe temps pour de nombreuses personnes qui s’adonnent à la pratique. Mais pourquoi serait ce mal ? Doit on enfermer la Street Photography dans un genre réservé uniquement à certaines personnes qui en feraient de manière exclusive et obsessionnelle ?

Toutes les raisons sont valables pour faire de la Street Photography. L’argent (Eric Kim), pour devenir célèbre (bonne chance…), pour le fun … Chacun fait un peu ce qu’il veut. Personnellement je fais de la Street pour d’autres raisons. Je n’ai aucune prétention de dire que ce que je fais est plus légitime que quelqu’un d’autre. Etant éloigné des réseaux sociaux depuis bien longtemps, je ne sais pas ce qui s’y passe. John Harper m’a dit récemment que c’était toujours aussi naze et que je n’ai rien manqué depuis mon départ … Comme Alex, je vois plus les choses comme une façon de vivre et je ne pense pas en terme de genre photographique. J’ai toujours avec moi mon Ricoh GR3 dans mon sac et je le sors dès que j’ai envie de faire une photo. De toute manière, quoi que l’on dise, une bonne photo reste une bonne photo. Quels que soient les raisons qui vous ont amenées à faire cette photo.

Pourquoi tout à coup, c’est devenu si « cool » de faire de la Street Photography ? Déjà il n’était plus nécessaire de faire des kilomètres dans des régions exotiques bardé d’appareils et d’optiques valant des milliers d’euros pour faire des photos. Un simple petit appareil avec une focale fixe permettait de laisser parler sa créativité et son côté artistique. Les réseaux sociaux ont servi d’accélérateur pour cette pratique en permettant de pouvoir partager rapidement avec le monde entier ce qui se passait dans les rues en bas de chez nous. Les gens ont aussi découvert le travail des pionniers comme Winogrand, Meyerowitz, Bresson, Robert Frank, Vivian Maier, Elliott Erwitt … pour n’en citer que quelques un. C’est ce qui m’a attiré vers cette pratique dans un premier temps. Je reste toujours époustouflé par la beauté des scènes se passant dans la rue. Ces moments fugaces figés pour l’éternité dans une simple photo.

Puis sont entrés dans la danse les constructeurs d’appareils photos. Eux ont bien sentis dans quel sens le vent soufflait et qu’il y a avait un max de pognon à se faire. Il fallait rendre l’appareil photo sexy pour cette nouvelle clientèle qui était prête à arpenter les rues avec « style » ! Ceux qui ont très bien compris la chose sont Leica et Fujifilm. Ce sont d’ailleurs les deux marques qui dominent le secteur. Attention je ne suis pas en train de tirer à boulets rouges sur ces marques. Elle font de très bons appareils photo et méritent que les gens se tournent vers elles pour s’équiper. Leica était déjà une référence dans le monde de la street photography. Fujifilm s’est assez largement inspiré de Leica pour développer sa série X100. Des appareils comme les Leica Q, les Fujifilm X100, les Leica M sont taillés pour la rue et en plus ils sont fichtrement sexys ! Leica et Fujifilm l’ont bien compris et ne cherchez pas plus loin la raison pour laquelle ils ont crée leur programme d’ambassadeurs de leur marque. Grosse présence en ligne pour ces influenceurs_ambassadeurs censés mettre en avant leurs marques respectives pour vendre encore plus d’appareils photo. Ce sont clairement les constructeurs qui profitent grandement de cette hype Street Photography.

On a aussi beaucoup parlé de ceux qui organisaient des concours de photo de rue. Que ce soient en ligne ou des festivals organisés dans des grandes villes. Taper juste sur Google « Street Photography Contest » ou « Concours Street Photography » et vous serez surpris par le nombre impressionnant de publications là dessus. Vous connaissez mon point de vue sur ces concours. Je n’ai jamais aimé ça et le travail proposé  est très souvent minable même si il y a quand même de sacrées bonnes photos. Le seul problème est que ces concours manquent de partialité. Il y a aussi toujours le même type de photos qui sont récompensées poussant à une uniformisation du travail proposé. La plupart des photos qui participent à ces concours ont déjà été vues des millions de fois sur les réseaux sociaux. Les dés sont pipés d’avance. Même si on reproche à ces concours de faire de l’argent sur l’engouement des photographes pour la Street Photography, je pense que c’est vraiment ridicule par rapport aux constructeurs d’appareils photos. Mais c’est vrai que ces concours ne produisent rien à part utiliser les photos des autres pour alimenter leurs concours. Je regrette par contre l’utilisation de noms célèbres pour donner de la crédibilité à ces concours. Très souvent ce ne sont que des photographes qui ne s’investissent même pas mais qui offrent juste leur nom en échange d’argent…

Je me suis beaucoup éloigné de l’article de M.E Sweet. Entre 2016 et 2020 j’ai beaucoup écrit sur la Street Photography. Ce n’est pas pour autant que mon Blog est devenu une référence sur la toile. Mais à mon niveau, j’ai eu beaucoup de mal à écrire à partir de 2020. Je ne pense pas que cette difficulté soit liée à ce que disait M.E Sweet. Ca faisait 4 ans que j’écrivais non stop sur la Street Photography et oui j’avais fait le tour de la chose. Pas de faire de la photo de rue, mais d’en parler. Oui je peux dire que depuis 2020, mon Blog vivote et que mes articles doivent être chiants à lire. Même si ça m’arrive très souvent de ne pas faire de photos pendant certaines périodes, j’ai toujours ce feu qui brûle en moi. Je ne suis pas présent sur les réseaux sociaux, personne ou presque ne vient lire mes conneries dans mes blogs, mais pour moi la Street Photography en ce qui me concerne n’a jamais été plus vivante.

Alors que reste t’il de la scène Street Photography ? J’en sais rien et franchement j’en ai strictement rien à foutre !  Je ne fais plus partie de cette scène Street. Je ne pense même pas que j’en ai fait un jour partie. Je trace ma route sans me faire influencer par quoi que ce soit ni qui que ce soit. Peut être que la bulle a explosé si bulle il y a jamais eu, mais je n’ai jamais fait de la Street parce que c’était hype et cool. Je pense que nous sommes nombreux à faire de la Street Photography juste parce nous avons ça viscéralement ancré en nous. Nous n’avons pas besoin de clamer sur les toits que nous aimons ce que nous faisons. Personnellement mon travail parle pour moi.

Toutes les photos ont été faites avec le Ricoh GR3 | 35 mm Crop