(English version at the bottom of the page)
Après mon Blog “Time to move on“, je m’étais mis en tête d’essayer de définir ce qu’était la Street Photography. D’autres avant moi ont essayé d’y apporter une définition. Certains vont trouver cette démarche stérile, sans intérêt et prétentieuse. Vous vous demandez peut être pourquoi je me lance dans cette entreprise ? Sûrement le ras le bol de voir des photos taggées Street Photography alors que les fondamentaux même ne sont pas respectés. Qui suis-je pour définir la Street Photography ? Je suis Monsieur Personne. Je ne compte pas faire un Manifesto. Je vais juste au travers de plusieurs Blogs, essayer de définir ce que représente la Street Photography pour moi. Ces Blogs n’ont aucune prétention, si ce n’est présenter ma façon de voir les choses. Certains ne seront pas d’accord avec ce que je dis. C’est parfait, c’est aussi un moyen de susciter la discussion et le débat. C’est un sujet délicat et je m’attends à arriver à des contre sens et aussi à me retrouver dans des voies sans issue…
Dans ce premier Blog sur le sujet, je voulais parler des interactions avec les personnes dans la rue. Quand j’ai assisté à un workshop avec Matt Hart (Ambassadeur Fuji UK) à Liverpool, celui ci a insisté sur le fait que la Street Photography devait être “candid”. Nous devons capturer des moments sans influer sur la scène. Pas de “eye contact”, pas d’interaction de quelque sorte avec les gens photographiés. Beaucoup de photographes de rue partagent ce point de vue. C’est une vision très old-school de la Street Photography.
- Eye contact.
Pour les puristes, le “Eye contact” est à bannir. Personnellement, ça m’arrive de rechercher cet élément et d’attendre que la personne photographiée se rende compte qu’elle est photographiée pour avoir ce regard directement fixé vers l’objectif. Ça rajoute de la force à la photo en rajoutant une tension et met un peu mal à l’aise celui qui regarde la photo.
On peut y retrouver de la surprise, de la réprobation et même parfois du défi. L’interaction avec la personne photographiée est minime, mais oui on influe sur la scène, car la personne vous a vu et n’agit pas comme elle aurait du en vous voyant la prendre en photo. Il arrive même où je recherche cet “Eye contact” en l’utilisant comme un élément de composition.
Dans l’exemple ci-dessus, en plus de me servir de mon reflet comme d’un élément de composition, j’avais cette volonté d’attirer le regard de quelqu’un pour compléter cette dite composition. Vous en saurez plus sur la genèse de cette photo dans un futur “Contact Sheet”. J’ai fait plusieurs photos de cette même scène et aucune n’a cette tension générée par le “Eye Contact” avec la personne photographiée. Alors interaction ou pas ? Oui j’ai influé sur le déroulement des choses dans la rue. Est ce pour moi toujours de la Street Photography ? Dans la définition que je m’en fais de la pratique, oui à 100% ! Cette photo est “Candid” et non posée.
- Street Portraits.
Voilà un sujet plus ambigu. J’ai longtemps considéré qu’un portrait réalisé dans la rue était de la Street Photography. Comme beaucoup de gens le savent, mon travail a été beaucoup influencé par Eric Kim à mes débuts. Même si je ne me reconnais plus dans son travail maintenant, je sais ce que je dois à tout ce qu’il a mis à disposition à la communauté. Pourquoi je vous parle d’Eric Kim ? C’est au travers de lui que j’ai fait mon apprentissage de la Street Photography et si vous connaissez un peu son travail, vous savez qu’il est un adepte des portraits de rue, souvent posés voire même dirigés. J’en ai fait un peu, surtout à mes débuts. Quand on a pas le courage de faire des photos de personnes qui ont attiré votre regard, autant leur demander la permission. C’est ce que j’ai fait.
Mon point de vue là dessus ? Ce sont des Street Portraits de parfaits étrangers, c’est juste une pratique différente tout à fait respectable mais en aucun cas de la Street Photography.
- Diriger les gens dans la rue.
C’est la ligne rouge à ne pas dépasser à mon avis car on sort du cadre de la photo de rue. En agissant ainsi on est plus dans un shooting studio. Je l’ai dit et je le répéterai jamais assez, ce n’est parce qu’une photo a été faite dans la rue que c’est de la Street Photography ! Beaucoup citent l’exemple de William Klein et sa photo du garçon au pistolet qui pour ceux ne le savent pas, a été provoquée. Cette photo iconique pose beaucoup de questions. Il y a non seulement eu interaction, mais en plus il a incité le gamin à brandir le pistolet dans sa direction. Alors Street Photography ou pas ? Si c’est William Klein, ça doit être Street ?
Pourquoi essayer depuis le début de définir la Street Photography ? Tout simplement pour avoir un cadre et savoir de quoi on parle. Pour moi, il y a des règles et interagir avec les personnes photographiées en est une. Une fois que vous maîtrisez ces règles, que vous les connaissez, rien ne vous empêche de les briser ! MAIS assurez vous de les connaître car dans ce cas, en les brisant sciemment, votre photo a de la légitimité. Certains ne vont pas aimer ma réponse et me reprocher de botter en touche … Beaucoup de personnes vont penser que je m’arrange avec les règles quand c’est utile. C’est en partie vrai, mais je sais de quel côté de la ligne rouge je me trouve et je le fait sans me mentir ni mentir aux autres. Mais au final est ce toujours de la Street Photography ? Dans un sens strict du terme : Non.
Je refuse catégoriquement de diriger les gens dans la rue. Ça m’arrive d’interagir avec des personnes photographiées en parlant avec eux. Mais à aucun moment je ne leur demande de poser. Les photos prises sont spontanées et non posées. Alors oui il y a interaction, je change à ma façon le cours des choses, mais la photo reste un moment capturé de manière “candid”. Beaucoup me reprocheraient ma pratique de la Street Photography, mais je suis prêt à la défendre. Ce n’est pas de la photo posée, mais oui il y a bien eu interaction.
Cette photo ci-dessous illustre très bien mon propos. Elle a été prise alors que c’était un peu le bordel pour circuler dans le centre ville historique d’Aix-en-Provence. J’ai échangé rapidement quelques phrases avec cette dame sur les raisons de ce bouchon et je l’ai vu avoir ces grand gestes avec les bras qui m’ont intuitivement fait cliquer pour capturer ce moment. Alors oui il y a eu interaction, non la photo n’est pas posée et oui je considère cette photo comme de la Street Photography.
Alors oui, je suis loin du 100% candid que réclament certains. Nick Turpin avait lancé l’initiative de tagger ses photos #CANPUBPHOTO (pour Candid Public Photo) pour lever l’ambiguïté sur certaines photos. La majorité de mon travail pourrait être taggé avec ce hashtag, mais je ne tiens pas à le définir comme ça. Je continue de penser que le plus important reste de savoir et de comprendre ce que représente la Street Photography et surtout d’être honnête vis à vis du travail qu’on présente aux autres. La fin ne justifie pas les moyens. Quand je vois des photos scénarisées et taggées #Street, ça me fout les boules. Pour les gens comme moi qui connaissent la pratique, on se fera pas leurrer. Mais pour ceux qui débutent dans la pratique, c’est plus gênant de tomber sur ce genre d’impostures. C’est pourquoi je considère utile ce travail d’essayer de définir la Street Photography. Ce n’est pas pour définir un espèce de Dogme, mais pour cadrer la pratique.
Voilà j’en ai terminé pour ce premier Blog consacré à ma définition de la Street Photography. Je ne m’attends pas à ce que mes propos sur le sujet fasse l’unanimité. Ça ne reste que ma vision des choses. Quelle est la votre ?
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My definition of Street Photography #1 : About Interaction with people…
After my Blog “Time to move on“, I had decided to try to define what Street Photography was. Others before me tried to make a definition. Some will find this process sterile, uninteresting and even pretentious. You may be wondering why I’m going into this ? Surely be fed up with seeing pictures tagged Street Photography while the fundamentals are not respected. Who am I to define Street Photography ? I am Mr Nobody. I do not intend to do a Manifesto. I’m just going through several Blogs, trying to define what Street Photography means to me. These Blogs have no claim, except to present my way of seeing things. Some will not agree with what I say. It’s perfect, it’s also a way to spark discussion and debate. It is a delicate subject and I expect to arrive at opposite directions and also to find myself in dead end ways …
In this first blog on the topic, I wanted to talk about interactions with people on the street. When I attended a workshop with Matt Hart (Ambassador Fuji UK) in Liverpool, he insisted that Street Photography should be “candid”. We have to capture moments without influencing the scene. No “eye contact”, no interaction of any kind with people photographed. Many street photographers share this view. It’s a very old-school vision of Street Photography.
- Eye Contact.
For purists, the “Eye contact” is to be banned. Personally, it happens to me to look for this element and to wait until the person photographed realizes that he is photographed to have this glance directly fixed towards the lens. It adds strength to the photo by adding tension and makes a little uncomfortable who looks at the picture.
We can find surprise, reprobation and even sometimes the suspicion. The interaction with the person being photographed is minimal, but yes it affects the scene, because the person saw you and does not act as it should have seen you taking a picture. It even happens that I look for this “Eye contact” by using it as a composition element.
In the example above, in addition to using my reflection as an element of composition, I had this desire to attract the eye of someone to complete the said composition. You will know more about the genesis of this photo in a future “Contact Sheet”. I made several pictures of this same scene and none have this tension generated by the “Eye Contact” with the person photographed. So interaction or not ? Yes, I influenced the way things went on the street. Is this still for me Street Photography ? In my definition of the practice, yes 100% ! This photo is “Candid” and not posed.
- Street Portraits.
This is a more ambiguous subject. I have long considered that a portrait made in the street was Street Photography. As many people know, my work was heavily influenced by Eric Kim in my early days. Even if I do not recognize myself in his work now, I know what I owe to everything he has made available to the community. Why do I talk to you about Eric Kim ? It is through him that I did my learning of Street Photography and if you know a little about his work, you know he is a fan of street portraits, often posed or even staged. I did a little, especially when I started. When you do not have the courage to take pictures of people who stand out, ask for permission. That’s what I did.
My point of view on it ? These are Street Portraits of complete strangers, it’s just a different practice quite respectable but by no means Street Photography.
- Direct people in the street.
This is the red line in my opinion because it’s not more Street Photography. By doing so we are more in a studio shooting. I said it and I will never say it enough, because a photo was made on the street doesn’t mean that it is Street Photography ! Many cite the example of William Klein and his picture of the boy with the pistol which for those who do not know it, was provoked. This iconic photo asks a lot of questions. There was not only interaction, but he also encouraged the kid to hold the gun in his direction. So Street Photography or not ? If it’s William Klein, it must be Street ?
Why try since the beginning to define Street Photography ? Just to have a framework and know what we are talking about. For me, there are rules and interacting with photographed people is one of them. Once you master these rules, that you know them, nothing prevents you from breaking them ! BUT make sure you know them because in this case, by knowingly breaking them, your photo has legitimacy. Some people will not like my answer and blame me for kicking in touch … Many people will think that I arrange with the rules when it is useful. This is partly true, but I know which side of the red line I find myself on and I do it without lying or lying to others. But in the end is this still Street Photography ? In a strict sense of the word : No.
I categorically refuse to direct people on the street. It happens to me to interact with people photographed while talking with them. But at no time do I ask them to pose. The photos taken are spontaneous and not asked. Stolen some people would say. So yes there is interaction, I change my way the course of events, but the photo remains a moment captured in a “candid” way. Many would blame me for my practice of Street Photography, but I am ready to defend it. This is not posed photography, but yes there was interaction.
This picture below illustrates my point very well. It was taken while it was a little mess to circulate in the historic city center of Aix-en-Provence. I quickly exchanged a few words with this lady about the reasons for this trafic jam and I saw her having these great gestures with the arms that intuitively made me click to capture this moment. So yes there was interaction, no the picture was not asked and yes I consider this picture as Street Photography.
So yes, I am far from the 100% candid that some claim. Nick Turpin had launched the initiative to tag his photos #CANPUBPHOTO (for Candid Public Photo) to remove the ambiguity on some photos. The majority of my work could be tagged with this hashtag, but I do not want to define it that way. I continue to think that the most important thing is to know and understand what Street Photography stands for and, above all, to be honest about the work we present to others. The end does not justify the means. When I see staged photographs and tagged photos of #Street, I’m pissed off. For people like me who know the practice, we will not be fooled. But for those who are new to the practice, it’s more embarrassing to fall on this kind of impostures. That’s why I consider it useful to try to define Street Photography. It is not to define a kind of Dogma, but to frame the practice.
Here I am finished for this first Blog devoted to my definition of Street Photography. I do not expect my comments on the subject to be unanimous. It remains only my vision of things. What’s yours ?
You’ve embarked on a monumental task. It’s going to be subjective whatever the case you present.
I think it should be spontaneous moments captured of life in the street and “street” doesn’t need to be taken literally, it could be anywhere people congregate. It should be candid, that would suggest informal, so that leaves Street Portraits out. If one of the subjects is looking at the camera it’s fine, in some cases it add to the shot.
A Street Photographer is documenting life, reporting on what he or she sees. A bit like any photography really, everyday photography and also similar to photojournalism.
I for one will be fascinated to see the rest of your thesis…good luck with Jeff!
Damn ! You have summed up everything in two sentences ! Why the hell am I writing this Blog ! 😉 I know that the task is huge and also a very subjective thing. That’s why I wanted to write several Blogs about it. The next one will deal with the documenting thing. Differences between Street, photojournalism…
haha… keep writing!
Photojournalism versus Street, that’ll be interesting to see what you come up with.
The follow thread wasn’t working, I just tried it again.
Vaste sujet qui aura autant de definitions que d’adeptes de la photographie. La mienne est que le terme street photography est inadequat. Celui qui photographie le present dans la rue est d’abord un photographe social humaniste. Il documente la vie humaine. Il ne met pas en scene tout à fait d’accord mais la pureté du “candid” est une illusion: le choix d’une focale, d’un angle de vue est déjà une interaction entre le reel (ce qui a lieu) et ce qui sera montré (l’interpretation du reel). Seul les cameras de surveillance documentent le reel de façon purement “candid”.
Tout est relatif comme dit l’autre la seule presence du photographe est une interaction (par principe).
La suite s’annonce passionnante…
Salut Laurent,
Oui je sais que cette histoire de définition est très compliquée et personne ne veut y apporter une définition. Tout le monde a une vague idée de ce que le terme “Street Photography” veut dire. Je trouve important néanmoins d’en définir les contours (à défaut de le définir précisément…) pour surtout rejeter tout ce que la Street Photography n’est pas ! Et comme tu le soulignes aussi, les photos posées et les mises en scène ne font pas partie de la Street Photography. Je parlerais justement dans un futur Blog de cet aspect “documentaire” qu’on prête à la street photo…